31 janvier 2007

PANIERS

Tronçonneuse enragée, serpe guillotine, scie de la scie, choc du merlin frappeur.
Le bois coupé gît dans le bois tressé, sas avant le feu.
La bûche achève de se sécher à la chaleur de ses sœurs.
L’âme du bois passera dans les pommes de terre au four,
la flamiche aux poireaux, puis dans le goudron noir, la fumée grise.

26 janvier 2007

BIDON

Des giclées chaudes et blanches percutent le fond du seau en alu ;
puis le flot se déverse dans le bidon, mousse écumante en surface,
éclaboussures, petits postillons lactés à lécher sur le dos de la main.
Des années plus tard, bidon abandonné, on le sort de sa retraite ;
couvercle soulevé, on renifle une vague odeur de métal et moisissure fromagère.

23 janvier 2007

CHAPEAUX

Ombre, silence et repos ; c’est l’heure de la sieste postprandiale.
Quand le soleil sera moins brûlant, on osera mettre le nez dehors,
les yeux couverts de lunettes noires, le cerveau protégé sous un chapeau.
Imbibée de sueur, la poussière des blés se fixera sur la peau.
On s’arrêtera pour picorer des cerises, des groseilles ou des framboises.

18 janvier 2007

STATUETTES

Nul encens ne monte le long des parois rouillées du monument funéraire.
Le bras d’un zombie pourrait brutalement jaillir à travers la vitre.
Les petites sœurs, Thérèse et Marie, ne se donnent pas la main.
Leurs bouches de plâtre blanc peint sont muettes autant que leurs prières.
Personne n’imagine qu’elles ont une tête en sucre à suçoter.

15 janvier 2007

ABRI

Mêlée aux déjections des vers, urine de chat dans la terre noire.
Miaulement plaintif mixé en avant du souffle des bourrasques venues du nord.
Neige au dehors, neige au dedans, bois humide sur le béton froid.
Il faudra longtemps souffler sur le bol pour liquéfier le lait gelé.
Qui voudrait s’abriter de la chaleur à l’intérieur du four ?

12 janvier 2007

MASQUE

Terre – eau – feu. Un maquillage d’argile mouillée cuit sous les cendres.
Le soleil réchauffe le crâne du vieux clown blanc collé au mur.
Un discret sentiment de rose sinue dans ses naseaux de terre cuite
mais ses oreilles obstruées par les jeunes feuilles ne captent aucun son.
La lumière projetée s’engouffre dans la fosse sans fond du regard.

09 janvier 2007

VELO

Ma monture, sortie de l’écurie, attend paisiblement en face du saloon.
“Rock and roll station, Jack’s bicycle is music to my ear.”
Chambre à air – colle à vélo – caoutchouc neuf – graisse sur le pédalier.
Une dernière tasse de café noir avant le départ pour le boulot.
Mes larmes coulent. La bise passe une langue froide sur mes oreilles.

Nouvelle étape

Nous avons publié sur "A noir E blanc" 80 photos. Cette première série dont les textes se succédaient selon une règle précise est achevée.
"A noir E blanc" continue avec une nouvelle série consacrée aux objets.
Merci à celles et ceux qui nous rendent visite régulièrement.
Merci aussi aux blogs amis qui ont créé des liens avec nous.
Bonne année !

08 janvier 2007

la poussière

La poussière estivale s’est coagulée en givre craquant sous les pas ;
le vent a balayé les feuilles mortes ; la terre les a avalées ;
la surface du sol est congelée, la sève figée dans les arbres.
Le jardinier trace un avenir à travers le froid et le silence.

04 janvier 2007

le silence

Le silence et la musique sont prisonniers dans l’étui du thérapeute ;
le toucher et la chaleur sont conservés dans les habits du musicien ;
les murs ont des oreilles pour capter les vibrations lumineuses et sonores.
« Tais-toi ! Petit enfant ! Ecoute ! Ecoute cette mélodie ! Son nom est Summertime. »

01 janvier 2007

summertime

Summertime ! Les mouches exaspérées, exaspérantes bourdonnent sous les lamelles baissées du store.
C’est l’après-midi ; les corps alanguis reposent dans la pénombre.
Summertime ! La sueur perle, coule, et finalement ruisselle sur les corps dénudés.
A l’entrée du vestibule, soudain, un cri : « Il y a quelqu’un ? »