03 mars 2008

SUR LA ROUTE 6

Quelque part derrière nous ou devant nous dans la nuit immense, son père était couché avec sa cuite dans un taillis, cela du moins était certain — avec de la bave au menton, de l’urine sur son froc, de la mélasse aux oreilles, des croûtes dans le nez, peut-être du sang dans les cheveux, et la lune qui l’illuminait. L’ANCIENNE ROUTE S’ARRÊTE AU BORD DU CANAL / ON PEUT ATTENDRE LONGTEMPS / ON PEUT ATTENDRE JUSQU'À L’AUBE EN COMPAGNIE DES FANTÔMES / GAMINS EN BLOUSE GRISE DE L’APRÈS-GUERRE ILS SERONT EN RETARD À L’ÉCOLE OU AU CATÉCHISME / MENAGÈRES EN ROUTE VERS LE MARCHÉ PIED À TERRE APPUYÉES CONTRE LEURS LOURDS VÉLOS AUX SACOCHES DE CUIR GARNIES DE BOUTEILLES VIDES / OUVRIERS EN VESTES DE TOILE BLEUE MÉGOT ROUGEOYANT PENDANT AU COIN DES LÈVRES / ON PEUT ATTENDRE LONGTEMPS LE PONT-LEVIS DEMANTELÉ NE DESCENDRA PLUS / SUR L’AUTRE RIVE D’AUTRES FANTÔMES FRISSONNENT DEVANT LE TROU D’EAU NOIRE / VERS LA GAUCHE ON ENTEND LE FRACAS DES CAMIONS QUI PASSENT EN HAUTEUR SUR LE PONT DE BÉTON / LEURS PHARES ÉCLAIRENT LE CIEL UN BREF INSTANT / DANS LES ROSEAUX DE LA RIVE LES CORMORANS DORMENT D’UN SOMMEIL SANS RÊVES

3 Comments:

Anonymous Anonyme said...

INFANTERIE DE MARINE

Arrêté au bord d'un paysage
Le fantassin trouve l'endroit charmant
Qu'il peuple et retapisse
De canal et de pont
En tout genre d'imaginaire
L'équipement fait des progrès
Et ses semelles amphibies
Lui permettent aisément
De se passer de pont-levis
S'il souhaite traverser

10:16 AM  
Anonymous Anonyme said...

Et pourtant les cormorans rêvent, ils me l'ont raconté.
Ils rêvent, longtemps, des rêves de voyages, des rêves d'abimes, des rêves sans fin...

9:00 PM  
Anonymous Anonyme said...

Magnifique, ceci.


Condition humaine. Se battre, se débattre, combattre, s'abattre.


Zéo Zigzags

5:33 AM  

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