27 décembre 2006

quelqu'un

Quelqu’un est assis. Quelqu’un a trop chaud. Quelqu’un lit un ouvrage savant.
Quelqu’un se lève. Quelqu’un va répondre à la sonnerie importune du téléphone.
Le cuir garde la trace des fesses et du dos de quelqu’un.
Quelqu’un revient. Quelqu’un se laisse retomber dans son ornière sur le siège.

26 décembre 2006

sur le siège

Sur le siège ajouré, les têtes coupées se tournent vers la lumière.
Les rafales de l’automne ont enfin cessé de les faire souffrir,
de les cogner l’une à l’autre suivant leur bon plaisir.
Malgré tout, les mésanges vont continuer à venir leur arracher les graines.

21 décembre 2006

les graines

Les graines de l’hévéa tombées sur le sol ne germeront pas.
Le caoutchouc fatigué a parcouru trop de kilomètres depuis la jungle tropicale.
Arrivé ici, il ne lui reste que sa forme et son imputrescibilité.
Lost Highway, pneus morts, juste capables de faire rouler des voitures fantômes.

19 décembre 2006

fantômes

Fantômes du passé et touristes d’aujourd’hui errent dans la ville historique.
D’autres silhouettes aussi ectoplasmiques montent et descendent dans les ascenseurs climatisés,
greffés au cœur des immeubles de béton, de verre et d’acier.
Leur avenir est déjà présent dans les ruines médiévales de la forteresse.

14 décembre 2006

la forteresse

La forteresse n’a pas été disloquée par les bombardements des alliés.
Des centaines de projectiles, obus et balles se sont abattues sur elle.
Ce sont les vagues, tempêtes et marées qui en ont eu raison.
La ferraille rouille ; le sel blanchit le béton au pied du mur.

12 décembre 2006

au pied du mur

Au pied du mur, bouche ouverte tournée vers le ciel, ventre plein,
sagement ordonnés, les seaux semblent attendre on ne sait qui ou quoi.
Peut-être une averse qui dévalera du toit pour les faire déborder,
ou le jardinier qui les renversera, qui transformera la pluie en rivière...

07 décembre 2006

rivière

Rivière d’autrefois coupée en deux, à moitié canalisée, à moitié civilisée.
Le temps passe, les rives dégringolent, la végétation gagne, la vase épaissit.
Le voyageur marche entre deux eaux, entre ciel et terre, ignorant rêveur.
Projet d’aménagement touristique : piste macadamisée pour faciliter et " sécuriser" le passage.

04 décembre 2006

le passage

Le passage de la nuit au jour a restauré un certain calme.
Rires et conversations ont cédé la place au bourdonnement de la circulation.
Les riverains sérieux passent au large du banc déserté par les noctambules.
Les bouteilles vides sagement rangées vont susciter la réprobation ou la curiosité.